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Le hussard vert
23 août 2009

Un grand romancier français

J'ai commencé et fini le dernier roman de Frédéric Beigbeder aux toilettes. N'y voyez là aucune offense. Au contraire, cette pièce barricadée, hors du tumulte de la maisonnée me garantit le calme et le silence. J'ai ainsi lu la moitié du Tour du malheur de Kessel (4 tomes), la quasi intégralité de l'oeuvre de Gary et d'Hemingway - hors du monde. Un ami m'a confié avoir lu l'intégral de Robert Merle assis sur la lunette blanche et Ernesto Che Guevara durant sa période ministérielle écrivait tous ses discours en ces lieux reculés. On a calculé qu'un individu au cours de son existence passait trois ans aux toilettes, à trente ans j'y ai déjà passé cinq ans. Plus par amour de la littérature que pour des problèmes intestinaux.

232477 F.B. (source Fluctuat.net)

Bref, Un roman français n'est pas la somme d'Un Roman Russe + Une Histoire Française divisé par deux. Ce livre n'est pas calculé. Il est intuitif et touchant. Certes il reste des aphorismes, un paragraphe entier prépare souvent un bon mot, il y a encore beaucoup de name dropping  mais Frédéric Beigbeder surpassent ces ouvrages précédents :

1. En se mettant à nu. Ne connaissant pas Beigbeder, j'en ignore la part de vérité, mais ça sonne vrai. Notamment les scènes avec sa famille nucléaire. Certains le rapproche des Mots de Sartre, je verrais plutôt une parenté avec la Reine du Silence de Marie Nimier : une confession sobre et belle, une réflexion sur la parenté et la difficulté d'être père.

2. En Avançant dans le monde sans masque. Beigbeder pour la première fois ne se dissimule pas derrière un personnage. Si c'est de l'autofiction c'est réussi, si c'est autobiographique c'est magistral car rien n'est ennuyeux. Sauf peut-être la page sur Monsieur J.C. Marin qui gâte le livre par son esprit potache. Mais depuis Grasset a remanié ce chapitre.

3. En maîtrisant son texte. J'ai aimé les cent premières pages de tous ces romans précédents. (Frédéric Beigbeder sur 100m  est un romancier avec un très bon départ. 140ms de temps de réaction) Mais ensuite l'histoire s'étiole, les idées de départ se dissolvent dans trop de bons mots. Par exemple : 99F la fin est ratée car diffuse. Au secours pardon : il y a 100 pages de trop. Un roman au ventre mou. Mais là Beigbeder maîtrise de bout en bout son texte. Le style gagne même en intensité au fil des pages.L'alternance présent/passé fonctionne jusqu'au dénouement.(J'ai eu peur sur la fin car chacun des trois derniers chapitres pouvaient clore le roman. Une fin à tiroir aurait tout gâcher. Mais l'ultime chapitre est vraiment réussi).

4. Parce que c'est intéressant. Alors que je me moque de la vie de Beigbeder comme de ma dernière birkenstock, je l'ai lu d'une traite. Le livre est captivant ce qui est un gage de réussite. On se plaît dans cette nostalgie moite des années 80, et le romantisme noir des années 2000. Et on sent poindre la métamorphose d'un romancier connu en grand écrivain reconnu. Et ça c'est jouissif.

S'il n'obtient pas un grand prix littéraire. (Je le vois accrocher le Renaudot ou le Goncourt, mais les femmes du Femina vont craquer). Qu'il se rassure car il est le grand favori pour le prix de la lunette blanche 2009 ;-)

beig  Un Roman français, Frédéric Beigbeder (Grasset)

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