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Le hussard vert
31 août 2009

1h30 d'amour

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"C’est l’histoire d’un homme qui va rechercher dans l’écriture la jeune femme qu’il a perdue dans la vie. Ava, rencontrée alors qu’ils avaient vingt ans. Ava, qui fut l’amour, l’amie, l’âme sœur. Ava, qui s’est éteinte alors qu’elle brûlait de vie.
Et c’est bien la vie qui brûle dans ce roman. Étincelles de grâce, d’innocence, de violence aussi. Pendant toutes ces années, on dirait que ces enfants terribles se découvrent à chaque page. Quand ils se séparent à trente ans, c’est pour mieux se retrouver : d’amants, ils deviennent frère et sœur. Un autre miracle de l’amour. Un autre mystère aussi, puisque s’ils ne se sont jamais quittés, ils n’ont jamais vraiment pu vivre ensemble. Libres comme l’air, les deux complices auront joué avec le temps sans penser qu’il pourrait les blesser, ni se douter que la mort pourrait les séparer." (Source Stock)

J'avais adoré Avant, Pendant, Après qui dépeignait les trois stades de l'amour. Je me souviens que son éditeur avait mis ce mot sur le bandeau ça donnait "Avant, pendant, après l'amour". Il avait d'ailleurs reçu le prix Roger Nimier. Avec les Aimants Jean-Marc Parisis va plus loin, il signe 100 pages d'amour absolu. Dans un style classique épuré, il décrit simplement ce qui attachent deux êtres l'un à l'autre - 1h30 de lecture nocturne pour une histoire qui s'étire sur 25 ans.

Ce que j'ai aimé :

  • Le style ample et généreux, lyrique sans les violons ("Ces rues que nous avons damées de notre insouciance et de notre inquiétude se crevassent dans la clarté minérale d'un soleil d'hiver")et précis sans bistouri ("J'écrase une cigarette, je tire de l'argent, j'ouvre du courrier, j'exerce machinalement mon métier de vivant"). L'écriture de Jean-Marc Parisis est redoutable, car elle ne semble pas travaillée, elle n'a l'air de rien et elle nous emporte vers la beauté. ("Dès le début de notre histoire nous avions recensés nos différences, préemptés nos espaces intimes, nos temps personnels. Nos égoïsmes se respectaient."). Délicieux.
  • La briéveté du récit. Sur le sujet beaucoup d'auteurs auraient brodé, avec plus ou moins de talent, 100 à 200 pages de plus. Parisis lui se contente de l'essentiel. Il vise juste. Son histoire est humble et réussie.

Ce que j'ai moins aimé :

  • Le métier du personnage. Il est journaliste et romancier. Encore et toujours. Ce détail dans un livre si court diminue le plaisir du lecteur et affaiblit l'ouvrage. Pourquoi le narrateur ne peut pas voir un métier normal : manutentionnaire, clerc de notaire, caissier, serveur, informaticien, consultant, vendeur de voitures, d'aspirateurs, de matériel Hi-fi on s'en fout mais pas écrivain. Un comptable par exemple aurait permis un excellent décalage entre l'amour absolu et l'ennui du travail, entre la pureté d'Ava et la vie professionnelle convenue.
  • Le côté Droopy du personnage masculin dans les trente dernières pages est crispant. Les réflexions sur la mort sont justes mais semblent ressassés. Dommage.Il aurait fallu peut-être inventer des discussions ou des situations pour couper le monologue qui parfois tourne à la logorrhée.

Malgré ces deux point négatifs, Les Aimants restent un excellent roman, nostalgiques, puissant et beau. Comme cette phrase qui résume tout le livre :

"De nous être quittés, nous nous sommes toujours retrouvés"

9782234059955_G Les Aimants, Jean-Marc Parisis (Stock)

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