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Le hussard vert
4 août 2009

Une histoire d'amour (2eme partie)

Pour faire court Madame de Montbazon meurt la tête coupée, (par punition, pour un cercueil trop petit…) son amant l’abbé de Rancé. Matérialiste et coureur, distribue ses biens et se retire dans une de ses abbayes dans l’austérité et le silence.

Quelques pages célèbres de la mort de le Belle :

« La suivante rangea sur la table un vase de fleurs et les flambeaux de cire, dont les reflets moiraient de rouge et de jaune les rideaux de soie bleue au chevet du lit de la malade.

« Crois-tu, Mariette, qu'il viendra ? - Oh ! dormez, dormez un peu, Madame ! - Oui, je dormirai bientôt pour rêver à lui toute l'éternité. »

On entendit quelqu'un monter l'escalier. « Ah ! si c'était lui ! » murmura la mourante, en souriant, le papillon des tombeaux déjà sur les lèvres.

C'était un petit page qui apportait de la part de la reine, à Mme la duchesse, des confitures, des biscuits et des élixirs sur un plateau d'argent.

« Ah ! il ne vient pas, dit-elle d'une voix défaillante, il ne viendra pas ! Mariette, donne-moi une de ces fleurs que je la respire et la baise pour l'amour de lui ! »

Alors Mme de Montbazon, fermant les yeux, demeura immobile. Elle était morte d'amour, rendant son âme dans le parfum d'une jacinthe ». Aloysus Bertrand

Chateaubriand poursuit :

« Il croyait trouver dans la solitude des consolations qu'il ne trouvait dans aucune créature. La retraite ne fit qu'augmenter sa douleur : une noire mélancolie prit la place de sa gaieté, les nuits lui étaient insupportables ; il passait les jours à courir dans les bois, le long des rivières, sur les bords des étangs, appelant par son nom celle qui ne lui pouvait répondre. […] Il invoquait la nuit et la lune. Il eut toutes les angoisses et toutes les palpitations de l'attente : Mme de Montbazon était allée à l'infidélité éternelle ; rien ne se montra dans ces lieux sombres et solitaires que les esprits se plaisent à fréquenter." […] À Veretz, au lieu de se plaire dans l'ancienne maison de ses délices, Rancé fut choqué de sa magnificence. Les meubles éclataient d'argent et d'or, les lits étaient superbes. La Mollesse même s'y serait trouvée trop à l'aise, dit un classique du temps. Les salons étaient ornés de tableaux de prix, les jardins délicieusement dessinés. C'était trop pour un homme qui ne voyait plus rien qu'à travers ses larmes. »

Ou encore Aragon, extraits :

« L'escalier dérobé la porte et c'est l'alcôve

Les rideaux mal tirés par des doigts négligents

Il reconnaît ces yeux que souffrir a fait mauves

Cette bouche et ces boucles fauves

Cette tête coupée au bord d'un plat d'argent

Aveugles chirurgiens qui déchirent les roses

Les embaumeurs entre eux parlaient d'anatomie

Autour du lit profond où le beau corps repose

Qui trouve son apothéose

Comme le pain rompu la blancheur de sa mie

Au cloître que Rancé maintenant disparaisse

Il n'a de prix pour nous que dans ce seul moment

Et dans ce seul regard qu'il jette à sa maîtresse

Qui contient toutes les détresses

Le feu du ciel volé brûle éternellement »

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