Man on the moon

"Qui est William Gasper, cet homme qui depuis cinq ans arpente inlassablement la Lune, une “montagne de nulle part” en plein cœur du Nevada ? De ce marcheur solitaire, nul ne sait rien. Est-il un ascète, un promeneur mystique, un fugitif ? Tandis qu’il poursuit son ascension, ponctuée de souvenirs réels ou imaginaires, son passé s’éclaire peu à peu : ancien tueur professionnel pour le compte de l’armée américaine, il s’est fait de nombreux ennemis. Parmi lesquels, peut-être, cet homme qui le suit sur la Lune ? Entre Gasper et son poursuivant s’engage alors un jeu du chat et de la souris."

L'auteur en 1951

Howard McCord dès les premières phrases ne laisse aucune alternative au lecteur. Il nous entraîne dans un treck lyrique et cruel, il nous contraint à suivre les méandres de l'esprit dérangé de son héros et nous oblige à escalader avec lui des pentes vertigineuses, sur lesquelles toute raison vacille. L'Homme qui marchait sur la Lune est un roman atypique, empli d'une sombre poésie qui sublime la folie des hommes et rend acceptable l'horreur. William Gasper, vétéran de la guerre de Corée pourrait être incarné par Clint Eastwood - une peau tannée, un corps noeux aussi sec qu'une trique et un regard qui vous glace les os. Qui le suit ? Une ombre, un autre tueur, ses propres délires. Le récit est tendu comme une corde à piano, une note grave qui sonne le glas et qui hypnotise le lecteur dans un rêve hallucinatoire, jusqu'à une fin inattendue où l'on se réveille avec dans la bouche un goût de métal froid comme si on avait sucé une douille de cuivre.

L'Homme qui marchait sur la Lune est un road movie en noir et gris proche des épopées horrifiques de Cormac Mccarthy. Les deux auteurs semblent partager le même nihilisme cynique, le même constat violent sur le monde, atténué par la seule croyance d'une force naturelle implacable qui décide de tout et rend les hommes à leur condition, démesurément petits.

L'Homme qui marchait sur la lune, Howard McCord (Gallmeister)