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Le hussard vert
9 novembre 2010

"Et mon coeur n'était que vos pas"

Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.

Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !
      

Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,
      

Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n'était que vos pas.
      

Paul Valéry, Les pas (extrait de Charmes)

paul_valery

Paul Valéry est le dernier grand poète Français, funérailles nationales et tutti quanti, c'était aussi un grand penseur et un grand blagueur, il écrivait, non sans une petite coquetterie, à Charles Du Bos, en 1923 :
"On veut que je représente la poésie française. On me prend pour un poète! Mais je m'en fous, moi, de la poésie. Elle ne m'intéresse que par raccroc. C'est par accident que j'ai écrit des vers. Je serais exactement le même si je ne les avais pas écrits. C'est à dire que j'aurais, à mes propres yeux, la même valeur. Cela n'a pour moi aucune importance."

Le Cantique des colonnes, La jeune Parque, Narcisse, Le vin perdu, Eupalinos... il aurait été dommage que "l'accident" d'écrire ne se produise pas. Paul Valéry repose au cimetière de Sète qu'il avait célébré en 1920 dans Le Cimetière Marin.

"Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !"

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