Christos. Enquête sur l'impossible, Frédérick Tristan (Fayard)

La semaine dernière j'ai lu ce livre du prix Goncourt 83. Lors de ses travaux et de son enseignement sur l'iconologie paléochrétienne, il s'est passionné pour la naissance du corps chrétien, c'est-à-dire pour la transformation de Iéshoua (Jésus) en Christos, dès les premiers mois suivant la Crucifixion.

Ce roman (car s'en est un) est passionant. L'auteur s'incarne en un juif d'Alexandrie et part à la rencontre des apôtres, des disciples de Ioahan Bar Zacharia l'immergeur (Jean le baptiste), des évangélistes - Marcos (Marc), Saul (Paul) et Loucos (Luc). Le narrateur disciple de Philon décrit le climat politique de l'époque, décrypte les relations des futurs chrétiens avec la religion juive, explique la diffusion de "la nouvelle alliance" au delà du peuple d'Israël. Il décrit le fondamentalisme des premiers martyrs dans une rome décadente. Notamment la crucifixion de Shimon-Képhas (Simon Pierre). Le choix d'un juif grec philosophe est judicieux et permet de mettre en perspective tous les cultes de l'époque et leur interdépendance. On voit rapidement se déformer l'histoire du Christos, par défaut de traduction, par soucis pédagogique, par calcul. Sur une histoire mille fois ressassées, on apprend plein de choses, toutes les pièces du puzzle trouvent leurs places pour une lecture consciente des évangiles.

On pourrait croire à un livre anti-religieux au contraire, dans sa démarche explicative et pragmatique, il rend la religion vivante et neuve. Au delà du dogme, il décortique les symboles ; il fait appel à l'intelligence et non à la foi. Mais la méthode de démonstration pas à pas comme le théorème de Thalès en classe de quatrième trouve vite ses limites. Elle est même la principale faiblesse de ce livre. Certes l'auteur nous tient par la main de judée en Samarie, de Ierusalem à Antioche mais il s'interdit toute envolée, toute ellipse, toute finesse. Au final la lecture est fastidieuse, dans ce roman il ne manque qu'un style à la hauteur du sujet.

La clausule en est l'exemple le plus frappant "Que ce livre porte témoignage de la vérité de Celui qui n'a pas cru mais qui a vu". On dirait que Frederick Tristan a voulu faire sonner ces phrases comme des traductions de grec ancien, mais n'est pas Homère qui veut.

Pour conclure ce livre remplit pleinement son but informatif et pour le style on relira Chateaubriand : "Je suis devenu chrétien. Je n’ai point cédé, j’en conviens, à de grandes lumières surnaturelles; ma conviction est sortie du coeur; j’ai pleuré et j’ai cru."

Les Evangiles décryptés

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