Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le hussard vert

21 juin 2023

Cormac McCarthy, mort ou vif

Capture d’écran 2023-06-21 113808 (1933-2023)

Cette époque décadente qui vend des livres comme des tubes dentifrices, ne mesure pas la perte de cette disparition pour la littérature mondiale.

Cormac Mc Carthy n'est pas seulement l'auteur de La Route ou de No Country for oldman, c'est l'un des plus grands auteurs nord-américains. Il est l'égal de Faulkner et d'Hemingway - l'alcool en moins. 

C'est un explorateur de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus noire. En douze romans, il a exploré les béances, gratté les cicatrices, poussé le lecteur dans ses retranchements au bord de l'abîme. Il a traversé le XXème siècle et un petit bout du XXIème mais il n'est pas de son époque. Taiseux, invisible, peu productif, à contre courant des tendances actuelles, il a réussi à imposer son style dans des genres aussi différents que le gothique, le western ou le thriller... Des romans qui brossent un portrait en creux de l'Amérique dans ce qu'elle a de plus sauvage.

L'écrivain, c'est le style.

Le sien est âpre et poétique, ses descriptions baroques de paysages sont à couper le souffle et viennent en contrepoint des actions cliniques, violentes et répétitives de ses personnages. Pour que vous compreniez bien, il vous envoie un crochet au foie, et l'intant d'après, quand vous êtes plié en deux, ivre de douleur, il vous passe une éponge magique sur la nuque et souffle à votre oreille que la vie n'est pas si terrible. Ce procédé épuise le lecteur, le rince comme un boxer au quinzième round.

"Autrefois il y avait des truites de torrent dans les montagnes. On pouvait les voir immobiles dressées dans le courant couleur d’ambre où les bordures blanches de leurs nageoires ondulaient doucement au fil de l’eau. Elles avaient un parfum de mousse quand on les prenait dans la main. Lisses et musclées et élastiques. Sur leur dos il y avait des dessins en pointillé qui étaient des cartes du monde en son devenir. Des cartes et des labyrinthes. D’une chose qu’on ne pourrait pas refaire. Ni réparer." CORMAC MC CARTHY, La Route

Mais la réalité est plus complexe, le romancier n'utilise jamais exactement les mêmes recettes, c'es ce qui me plait le plus chez lui : la surprise. Il expérimente de nouvelles techniques narratives à chaque nouveau livre : fréquence de ponctuation, longueur des descriptions, variation sur la longueur des phrases, accélération de l'action et répétitions à outrance, jusqu'à ces deux derniers romans Le Passager et Stella Marris, publiés en 2022 où l'art de la conversation réaliste est portée à son plus haut point sur des sujets pointus tels que Oppeinheimer et la bombe nucléaire, les mathématiques, la paternité, l'Etat oppressif, les transgenres. A 89 ans, sa plume respirait encore la jeunesse, il est mort pourtant quelques mois après avoir publié ces deux objets littéraires non identifiées. Il aura eu l'élégance avant de tirer sa révérence de nous offrir non pas un, mais deux testaments d'une beauté inouie sur la difficulté d'exister.

Il m'aura aussi appris que la Nature est le meilleur révélateur d'âme pour un romancier et que la condition humaine dans un désert avec un pistolet sur la tempe devient plus concrète qu'une falaise de marbre.

Pour cela et pour tout le reste, 

Merci.

 

Publicité
Publicité
4 janvier 2023

La femme Paradis - Nature writing made in France (sortie le 6 janvier 2023)


La-Femme-paradis 

« Mes souvenirs sont des crépuscules ; aucune de mes histoires n’a de commencement. »

Quatrième de couverture :

Coupée de la civilisation depuis plusieurs années, une femme sans passé survit au cœur de la forêt. Elle a apprivoisé les règles du monde sauvage pour mener une vie faite de pêche, de maraîchage et de méditation, où le sang n’est jamais versé en vain. Son existence spartiate et harmonieuse est bouleversée lorsqu’un coup de feu claque sur le causse. Cette détonation précipitera une série d’événements implacables questionnant les forces qui l’ont amenée à choisir l’exil, la place qu’elle occupe dans le monde des hommes, et la trace qu’elle souhaite y laisser. Se jouant habilement de la mince frontière qui sépare le désir de la raison, ce texte vif et cinglant ébranle nos certitudes. Que sauver quand tout s’effondre ?

Je ne critiquerai pas mon propre opus, je le pose là, sur l'étagère et je vous laisse découvrir les premiers retours des libraires :

« Un livre très bien écrit qui touche encore une fois les sujets qui m’attirent : la féminité, la solitude, la nature et la contemplation active. »

Louise, Au coin des mots passants (Gap)

« Je l’ai trouvé très prenant car on est tout à la fois fasciné dès les premières pages par la volonté et la force de cette femme solitaire et mystérieuse et en même temps on sent bien dès le départ qu’il y a des failles, que les barrières qu’elle a érigées entre elle et son passé sont poreuses… J’ai beaucoup aimé cette écriture fluide et sans fioritures. »

Laure, La petite libraire (Sommières)

« [...] Cette fusion avec la nature est sans cesse ballottée entre douceur et dureté, bien-être et solitude, épanouissement et repli. l’humain peut-il s’adapter à la nature lorsqu’il n’y est pas né? Peut-on oublier ce que l’on a vécu, ressenti, appris ? Un questionnement entre nature et culture qui traverse tout ce texte qui, vous l’aurez compris, m’a complètement emportée. Merci pour cette découverte que je ne manquerai pas de partager ! »
Karine, Le Kairn (Arras en Lavedan)

« J’ai trouvé le livre intense, c’est avec plaisir que je tournais les pages pour connaître la suite de ce récit. Il est proche de la nature comme j’aime. Cette femme brute et indépendante est attachante. Les retrouvailles sont magistralement bien écrites ! »

Justine, Le Failler (Rennes)

« La femme paradis de Pierre Chavagné, que nous avons beaucoup aimé, figure d’ores et déjà dans nos coups de cœur de la rentrée 2023. Un récit sur le fil, qui laisse sporadiquement entrevoir des pistes au lecteur, puis les efface. Un portrait de femme magnifique, qui se construit peu à peu et dans lequel la frontière entre l’ancrage dans le monde sensible et au contraire son affranchissement est ténue. Bref, un magnifique moment de lecture. »

Amélie, La librairie polinoise (Poligny)

 

 

5 décembre 2017

Mort d'un gentilhomme

08-538006 Jean d'Ormesson 1925-2017

Jean d'Ormesson s'en est allé. La France s'est réveillée un peu moins grande ce matin. 

Disparaient avec lui une manière d'être Français, le goût de la gaîté et de la conversation, la profondeur superficielle du gentilhomme. Il incarnait la politesse et la courtoisie. Il laisse derrière lui des écrits, des anecdotes en pagaille, et surtout un style admirable : une phrase de droite, ample comme au XVIIIème et qui tenait debout. Jean d'Ormesson écrivait si bien qu'il pouvait écrire indéfiniment le même livre sans lasser son lecteur. On aimait ses défauts autant que ses qualités, quand parfois son oeuvre tournait en rond, l'homme emportait les plus chafouins d'entre nous par sa bonne humeur et les autres, par sa verve.  Il s'est mis en scène mille fois dans ses livres sans jamais se dévoiler ; il portait avec style des vestes en tweed, des yeux clairs et des siècles d'histoire familiale ; il fut médiatique sans raccoler, populaire sans s'abaisser. Je suis triste ce soir, d'avoir perdu un grand auteur et de ne plus pouvoir l'entendre répéter sur les ondes : "C'est épatant !"

28 décembre 2016

Mort du dernier Hussard

deon-michel

Aujourd'hui Michel Déon est mort. La France perd son plus grand écrivain Irlandais et son dernier hussard.

Avec les années, j'avais fini par croire qu'il était vraiment immortel. 

Il était moins léger que Blondin, moins percutant que Nimier, moins insolent que Laurent et moins à la mode aussi, mais il aura été le plus endurant parmis ce groupe d'auteurs qui n'était pas une chapelle, pas même une bande mais qui ont marqué les Lettres sous le nom de Hussards. 

Michel Déon avait du style, une élégance et un flegme qui manque cruellement a l'époque. Il va me manquer. Il reste ses textes, de grands livres qui ont enchantés ma jeunesse et que j'ai plaisir à relire. Ce soir je suis triste, je vais me consoler avec Les gens de la nuit ou Les Poneys Sauvages ou Déjeuner de Soleil ou Rendez-vous à Patmos ou Bagages pour Vancouver... Quelques pages prises au hasard. Michel Déon se lit à tous les âges et comme dans les Trois Mousquetaires, on y redécouvre toujours quelque chose de neuf et d'intéressant.

Pour dire son importance, en peu de mots et sans pathos : ce site lui doit la moitié de son nom, le hussard bleu + le jeune homme vert = le hussard vert. Et si j'écris des romans, c'est en partie grâce à lui.

 

 

4 juin 2016

La citation de la semaine s'écrit avec les poings !

«J’ai innové pour ce combat. J’ai lutté avec un alligator. Je me suis battu avec une baleine. J’ai mis les menottes à un éclair, j’ai jeté le tonnerre en prison. Rien que la semaine dernière, j’ai tué un rocher, blessé une pierre, envoyé une brique à l’hôpital. Je suis si méchant que je rends la médecine malade ! Je peux courir à travers un ouragan sans me faire mouiller. Quand George Foreman va me rencontrer, il va payer sa dette.»

ali

De la poésie avant un match de boxe. Ali était inspiré, Ali inspirait, c'était un emmerdeur vantard, c'était le plus grand boxeur de tous les temps, c'était un artiste, un show man, un leader, c'était l'autre face de l'amérique, c'était un résistant, c'était un homme. Un vrai.

RIP

Publicité
Publicité
30 novembre 2013

La citation de la semaine est de Johnny

"ALL WORK AND NO PLAY MAKES JACK A DULL BOY ALL WORK AND NO PLAY MAKES JACK A DULL BOY ALL WORK AND NO PLAY MAKES JACK A DULL BOY ALL WORK AND NO PLAY MAKES JACK A DULL BOY ALL WORK AND NO PLAY MAKES JACK A DULL BOY ALL WORK AND NO PLAY MAKES JACK A DULL BOY ALL WORK AND NO PLAY MAKES JACK A DULL BOY ALL WORK AND NO PLAY MAKES JACK A DULL BOY ALL WORK AND NO PLAY MAKES JACK A DULL BOY ALL WORK AND NO PLAY MAKES JACK A DULL BOY ALL WORK AND NO PLAY MAKES JACK A DULL BOY ALL WORK............."

Shining

 

 

SteadicamDanny

4 mai 2012

La citation de la semaine est l'épitaphe de Pierre Magnan

arton848






Pierre Magnan (1922-2012)


"Il vécut, il aima, il écrivit" Stendhal

26 avril 2012

Le père Balzac, le cousin Zweig

"La vie de Balzac est un prodigieux roman. Accablé de dettes, immergé dans un titanesque labeur d'écriture, mort à cinquante et un ans, juste après son mariage avec celle qu'il avait si longtemps attendue, le romancier de La Comédie humaine incarne un mythe, celui du créateur rivalisant avec Dieu, et foudroyé comme Prométhée."

balzac2 Balzac, dessin de Picasso

Ce livre occupa dix ans de la vie de Zweig, loin d'être une oeuvre mineur, il mêle à la biographie un regard critique sur le plus grand auteur du XIXème siècle. Après on comprend mieux les livres lus au collège et on mesure réellement l'oeuvre titanesque qu'à construit Balzac, sa vie réglée comme du papier à musique pour écrire, les typographes payés double pour imprimer car les manuscrits étaient illisibles, les séances de création, de corrections, de recorrections. A peine un roman est achevé, qu'il se remet à la tâche sur le suivant. Le plan de l'eouvre général est jeté, une vie n'y suffira pas ! La chambre de bonne du début, les succès, les banqueroutes, les femmes... Zweig parle de Prométhée, mais il y a aussi du Sisyphe dans ce géant des Lettres françaises. Le Père Goriot, Le Lys dans la Vallée, La Peau de chagrin, Le Colonel Chabert... C'est fou comme connaître la vie d'un auteur donne envie de le relire !

Balzac livreBalzac, Le roman de sa vie, Stephan Zweig (Albin Michel)

25 avril 2012

Le langage imagé de Moscato

"Foncer plein badin", "Rentrer dans la meule", "Envoyer du bois"ou bien "Passer pour un flan Mireille"... Toutes les expressions cultes décortiquées pour assimiler les rudiments du Parler Moscato. Un livre indispensable pour voyager en terre de rugby, apprécier un match ou simplement enrichir sa culture générale.

chat









"Arrétez de branler la queue du chat !"


Sur la quatrième de couv, on peut aussi lire "Un livre avec des images dedans" (ce qui est vrai puisque le parler de Vincent Moscato est illustré par Alaïs Clouchoux) et "Un livre pour rire" (ce qui n'est pas faux, le livre est drôle, très drôle même !).

En tournant les 132 pages, on oscille entre la tendresse nostalgique d'un rugby de terroir et le bon mot rabelaisien, et on reste toujours dans le bon goût grâce aux dessins qui adoucissent nombres d'expressions tendancieuses (ex : "Ca sent la carotte !"). Au final, il y a un bon équilibre entre les définitions et les dessins, entre l'humour et la culture, entre le rugby et la vie. L'ouvrage ressemble à l'ancien joueur de Bègles et du Stade Français, carré et drôle. 

Un livre à lire par temps de crise.

1ere de couv le parler moscato Le Parler Moscato, P. Chavagné/A. Clouchoux (Editions du Rioumard)

Pour en savoir plus cliquer ici

14 août 2011

La citation de la semaine est l'évidence même

«La mort ne vous concerne ni mort ni vif : vif parce que vous êtes ; mort parce que vous n'êtes plus.»
Michel de Montaigne

smile

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 > >>
Le hussard vert
Publicité
Publicité