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Le hussard vert
14 mars 2011

Le maître de la forme courte

Depuis quelques semaines, je lis l'intégrale de Stephan Zweig. J'avais déjà lu ses romans, il y a longtemps ; je l'avais un peu oublié et pour mon plus grand ravissement, je le redécouvre à travers ses nouvelles. Je ne vais pas toutes les égrenner (elles sont toutes biens) mais m'attarder sur les plus marquantes : Un brûlant secret, La Peur, La Ruelle au clair de Lune... 

Zweig Stephen Zweig (1881-1942)

Tous ses textes s'appuient sur un fait divers que beaucoup d'auteurs gaspilleraient en roman de gare, mais Zweig parvient à transcender son idée grâce à deux qualités majeures : la justesse de ses descriptions psychologiques et le raffinement de sa narration. Dès les premières lignes, il jette sur le lecteur « […] un regard pointu comme un hameçon suivi d'un sourire d'invitation », et quelque soit le sujet, en un paragraphe nous sommes ferrés. Jamais il ne feint de décrire les failles de l'âme humaine, il y pénètre tout entier et décrit tout ce qu'il y voit avec une finesse et une précision diabolique. Enfin, il sait finir ses histoires pour nous marquer au fer rouge. Comme il a horreur de l'oubli, il achève ses histoires sur une dernière phrase encore plus ciselée que les autres et qui nous laisse tour à tour, mélancolique, terrorisé, béat...

Un brûlant secret : "L'éveil de la jalousie chez un garçon de douze ans, qui a innocemment rapproché sa mère et le jeune vacancier oisif dont l'amitié l'emplissait de fierté." Crépuscule de l'enfance et innocence fracassée : beau, juste, touchant.

La Peur : Une femme, adultère par ennui, a peur d'être confondu par son mari. Une femme étrange la fait chanter. Elle est terrorrisée. Très belle histoire d'amour, belle, juste, touchante.

La Ruelle au clair de lune : Très courte nouvelle, sur un amour étrange, pervers et malsain d'un homme humilié par sa femme. Il l'attend tous les soirs à la sortie d'une maison close. Qu'a-t-il fait pour en arriver là ? Et comment cela va-t-il se terminer ? Mal, on le sent.

Zweig voulait "résumer le destin d'un individu dans un minimum d'espace et donner dans une nouvellela substance d'un livre." Mission mille fois remplies : il parvient à exprimer en vingt pages ce que d'autres ne parviennent pas à effleurer en 300.

zweig_2  Romans et nouvelles (Tome I), Stephan Zweig (La Pochotèque)

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G
Le jeu dangereux:"Elle se précipitait dans l'obscurité, peu importe que ce fût dans des vallées, des abîmes, des montagnes ou des eaux lointaines, sans savoir où elle allait et poussée par une force aveugle, comme une vie projetée subitement dans la profondeur de destins inconnus. "
Le hussard vert
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