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Le hussard vert
9 mars 2011

Bienvenue chez les patchouns

Les éditions Robert Laffont et Canablog m'ont envoyé les épreuves de l'Homme de Kaboul voici quelques semaines, la seule contrepartie était de publier une chronique sur ce blog, ce que je fais ce soir.

police Policier Afghan plus petit que Oussama Kandar.

"Quand Oussama Kandar, chef de la brigade criminelle de Kaboul, ancien héros de guerre contre les Russes et les talibans, découvre le cadavre de Wali Wadi, il n’imagine pas déclencher l’une de ces séries de minuscules événements qui se terminent en raz de marée."

Ce roman d'espionnage raconte l'enquête d'Oussama Kandar à travers l'Afghanistan mais l'intérêt réside dans la compléxité de ce personnage principal. Le commissaire mesure 2 mètres, il est pratiquant et modéré, son passé de soldat et sa formation à Moscou lève le voile sur le passé proche du pays. Son nom sonne comme une provocation et nous contraint à laisser nos préjugés aux vestiaires et à suivre aveuglément cet idéaliste jusqu'aux refuges des talibans. Songez que cet homme enquête sur un suicide dans un pays occupé par les troupes alliées, un pays qui compte des dizaines de morts par jour, dont les fonctionnaires sont corrompus, et les flics pas ou peu payés : les passages où les policiers pillent la scène du crime pour les revendre est ahurissante, mais le commissaire ne s'offusque de rien, il trouve cela normal, il faut bien nourrir sa famille, il laisse faire... Sa nonchalance et son sens de l'honneur me rappelle certains traits de l'inspecteur Mario Conde du romancier cubain Leonardo Padura. Tout comme Kandar, il a fait la guerre - c'était en Angola, il travaille dans un pays sans dessus dessous, ne touche plus sa solde mais il poursuit son travail de manière intègre, pour l'honneur et surtout pour sauver ce qu'il reste d"humain en lui.

Mais ce roman raconte aussi l'histoire de Nick analyste suisse dans une mystérieuse agence d'espionnage privé qui s'étonne des moyens disproportionnées que l'agence déploie pour traquer un homme seul. Qui est cet homme ? Pourquoi les mercenaires de l'agence tue sans sommation son jeune collègue ? Il devra trouver seul les réponses et les deux histoires qui ne semblait avoir aucun lien se rejoigne. Evidemment ! Cette double narration ne m'a pas séduite, le procédé est éculé et dilue l'intérêt de la première histoire. On quitte à chaque fois le "Quoomaandan" Kandar a regret.

Avant de lire ce livre je ne connaissais de l'afghanistan que deux romans Les Cerfs volants de Kaboul de Hosseini et Les Cavaliers de Kessel, certes L'Homme de Kaboul n'est pas à la hauteur de ces derniers, il n'en a d'ailleurs pas la prétention, c'est un bon roman d'espionnage, prenant et distrayant et parfois même intelligent. Toutefois le texte gagnerait à être épuré de phrases telles que "son regard était froid comme la mort" ou "le mollah eut un mince sourire" ou  "on aurait été à côté de la bombe quand elle a sautée et on y serait resté..." qui rappelle les mauvais SAS. D'ailleurs je crois que l'homme de Kaboul est un titre de la collection Gérard de Villiers, (après vérification sur Google c'est le N°25 de la collection)

En résumé, j'ai aimé les anecdotes afghanes, le "quomaandan" Kandar, le dari, le patchoun, le mélange business et religion, la description de la vie quotidienne - l'histoire est bien documentée et l'atmosphère bien rendue. En revanche, j'ai moins aimé le style, la construction et le dénouement.

kaboul L'homme de Kaboul, Cedric Bannel (Robert Laffont)

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