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Le hussard vert
23 avril 2009

On peut aussi rire jaune en poésie

"Vous faites voir des os quand vous riez, Hélène

Vous faites voir des os quand vous riez, Hélène,
Dont les uns sont entiers et ne sont guères blancs ;
Les autres, des fragments noirs comme de l'ébène
Et tous, entiers ou non, cariés et tremblants.

Comme dans la gencive ils ne tiennent qu'à peine
Et que vous éclatez à vous rompre les flancs,
Non seulement la toux, mais votre seule haleine
Peut les mettre à vos pieds, déchaussés et sanglants.

Ne vous mêlez donc plus du métier de rieuse ;
Fréquentez les convois et devenez pleureuse :
D'un si fidèle avis faites votre profit.

Mais vous riez encore et vous branlez la tête !
Riez tout votre saoul, riez, vilaine bête :
Pourvu que vous creviez de rire, il me suffit."

Paul Scarron (1610-1660)

200px_Paul_Scarron_2

Pour faciliter la lecture, je me suis autorisé une modernisation de l'orthographe. Pour les puristes qui voudrait apprécier le texte original, allez faire un tour sur : http://www.poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/paul_scarron/vous_faites_voir_des_os_quand_vous_riez_heleine.html.

Scarron avec Saint Amant, François Maynard et Théophile de Viaud  sont les poètes du XVIIe que j'apprécie le plus. Alors que le vers de Malherbe est beau (peut-être trop) et froid. Les vers de Scarron sont vivants. Ils paraissent libres. Le style est là mais pas comme une fin en soi. En outre il manie merveilleusement le burlesque, ces images et ces mots font sentir et ressentir. Son épitaphe est un bon exemple, on dirait un dialogue entre deux vivants :

"Celui qui cy maintenant dort
Fit plus de pitié que d'envie,
Et souffrit mille fois la mort
Avant que de perdre la vie.

Passant, ne fais ici de bruit
Garde bien que tu ne l'éveille :
Car voici la première nuit
Que le pauvre Scarron sommeille."

Bref, il faut lire Scarron !

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Commentaires
O
Super site je le recommande
O
serait-il possible d'avoir les références du tableau sous le poème ?
Le hussard vert
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